Brève présentation du Foyer de Tanjomoha

Le Foyer de Tanjomoha, situé à Vohipeno, sur la côte sud-est de Madagascar, a été fondé en 1986 par le père Vincent Carme pour accueillir des jeunes handicapés moteurs. Il leur offrait une formation professionnelle et le traitement du handicap par la rééducation et le port de matériel orthopédique. Mais au fil des années les activités du Foyer de Tanjomoha se sont multipliées autour de trois axes : éduquer, soigner et développer. Je vous invite à une visite guidée.

I. Soins et éducation des jeunes handicapés

  • Le Foyer des Jeunes Handicapés (depuis1986). C’est la suite directe du jeune plant mis en terre par le père Carme, en 1986. Il est devenu le tronc d’un grand arbre aux multiples ramifications. Il accueille aujourd’hui 130 garçons et filles porteurs d’un handicap moteur à partir de 15 ans. Il continue encore à identifier Tanjomoha dans l’esprit de beaucoup. Il demeure de fait l’activité principale du Foyer aujourd’hui encore. Il vise
    1) à traiter le handicap au moyen de la rééducation, du port de matériel orthopédique et des opérations, et
    2) à donner une éducation de qualité aux jeunes (alphabétisation, formation technique ou secondaire, et même supérieure). C’est ce foyer qui occupe le plus nos esprits et notre temps, qui emploie le plus de personnel directement affecté (20 personnes dont 9 professeurs, 3 à la rééducation, 4 cordonniers orthopédiques et 4 cuisiniers). Et c’est à ce Foyer qu’est consacré le plus d’argent. Il s’est rapidement ouvert sur d’autres types de
    handicaps qui représentent autant de branches qui sont nées après lui :
  • La scolarisation de 25 aveugles et malvoyants (depuis 1995) que nous faisons étudier dans des écoles spécialisées à Farafangana ou à Antsirabe.
  • La scolarisation de 25 sourds et malentendants (depuis 1995) dans une école spécialisée à Antsirabe.
  • La scolarisation de 6 handicapés mentaux (depuis 2000) pris en charge à l’Education Spécialisée à Manakara
  • L’ESIGAT (depuis 2013), avec 26 étudiants, prépare au DTS en informatique et gestion. Créée d’abord à l’intention des jeunes handicapés bacheliers, ils n’en sont encore qu’une minorité, les autres étant des valides.

Soins d’handicapés

Nathanaël devant sa machine à coudre

II. Aide à l’enfance en détresse

Dès le départ, le P. Carme a été très sensible à la détresse des enfants orphelins ou abandonnés. Ils sont actuellement pris en charge de diverses manières :

  • Le foyer Deguise (depuis 1997) accueille 53 enfants en grande difficulté familiale qui y sont accueillis dans un cadre de vie chaleureux et poursuivent des études primaires, secondaires ou, pour certains, techniques.
  • La cantine d’Ambolosy (depuis 2006) accueille 78 enfants de familles pauvres de la brousse de Vohipeno qui sont scolarisés et nourris le midi, tandis que nous aidons leurs parents à reprendre le travail de la terre.
  • Les enfants pauvres du voisinage, une centaine, qui sont scolarisés et, pour beaucoup, aidés en nourriture.

III. Promotion d’un clan de parias

Le Père Carme, en quittant Tanjomoha, s’était retiré en août 2000 au village de parias de Nohona, à 15 km de Vohipeno. Il avait voulu par sa présence contribuer à abattre les murs de la haine et du mépris qui tenait à l’écart ce clan et le séparait de la population Antaimoro. Suite à son arrivée, plusieurs activités se sont mises en place.

  • Le Foyer de Carme (depuis 2002). Il a pour but la scolarisation de jeunes des villages de rejetés et compte actuellement 23 élèves qui sont accueillis à Tanjomoha et étudient dans les écoles de Vohipeno.
  • Les écoles Saint Paul et Saint Luc (depuis 2006). Le Père Carme souhaitait développer l’éducation des enfants des villages de rejetés. Ce n’est qu’après son départ, en 2004, que j’ai pu ouvrir deux écoles, l’une maternelle et primaire avec 305 élèves, ouvertes sur 14 villages, et l’autre maternelle seulement avec 45 élèves.
  • Action de développement dans les villages de ce clan. Des formations agricoles sont diffusées, des semences distribuées, des canaux d’irrigation aménagés, de nouvelles terres de culture conquises, etc.

IV. Un volet santé aux multiples facettes

Très tôt, un dispensaire a été créé à Tanjomoha et divers centres de soins spécialisés sont nés au fil des années. Ce volet santé, très modeste au départ, n’a cessé de prendre de l’ampleur. Il est dirigé par une Fille de la Charité, Sœur Béatrice, assistée d’un médecin et de deux aides-soignantes.

  • Un dispensaire (depuis 1987) de 6500 consultations par an est au service du Foyer des Jeunes handicapés, des autres Foyers d’éducation de Tanjomoha et des différents centres de soins ci-dessous nommés.
  • Le Centre de Traitement antituberculeux « Tsararivotra » (depuis 1997). Tanjomoha s’est engagé il y a près de vingt ans dans la lutte contre la tuberculose, ce fléau qui sévit encore à Madagascar, au moyen d’un centre d’hébergement et de traitement qui accueille environs 200 malades par an pour un « traitement d’attaque » de 2 mois et pour des contrôles. Avec les garde-malades, les malades qui sont en dépistage, en soins ou en contrôle, nous avons une population moyenne constante de 75 personnes hébergées dans notre centre.  
  • Le CRENAM (depuis 1997), centre ambulatoire de lutte contre la malnutrition infantile est en pleine explosion ces derniers temps. Les mères et les enfants y viennent de plus en plus nombreux : plus d’une centaine d’enfants malnutris par semaine actuellement. Ils sont pesés, mesurés, examinés et repartent avec de la nourriture, après avoir reçu des soins, si nécessaire.
  • Le Foyer Manasoa (depuis 1997) est un centre d’hébergement et de soins pour malades pauvres qui sont soignés au dispensaire. On y accueille également des personnes handicapées en séjour de rééducation de longue durée. Cela représente un flux constant d’environ 75 personnes résidant au centre.  
  • Les malades mentaux. Cela fait de nombreuses années que nous en aidons à se soigner. Autrefois, nous les conduisions au centre de santé mentale d’Ambokala à Manakara. Mais depuis l’année dernière nous en soignons une bonne partie à Tanjomoha même, par notre personnel de santé, Sœur infirmière et médecin, qui ont suivi des formations les habilitant à pratiquer ces soins. Ils sont 427 malades, inscrits sur nos listes, qui viennent en consultation et prennent des médicaments. Un nouveau bâtiment a été construit pour eux en 2015.

Soeur Béatrice à l’oeuvre au CRENAM

V. Activités de développement et de secours des pauvres et des sinistrés

Tanjomoha a toujours été à l’écoute de la souffrance des populations environnantes, touchées par la pénurie alimentaire, sinistrées par les cyclones, les inondations ou les sécheresses qui frappent régulièrement notre région et sèment la misère. Cet aspect n’a cessé de se développer et de se diversifier au fil des années. Tanjomoha entend aussi être un modèle de développement rural par sa ferme. Nos activités de développement sont les suivantes :   

  • Promotion agricole. Ces activités sont variées. Elles vont du creusement de canaux d’irrigation ou de drainage de rizière, à la confection de puits, jusqu’à la mise en place de centaines de nouvelles petites fermes sur des terres en friches pour permettre à des jeunes ménages de s’installer, etc.
  • Les secours post-cycloniques. Beaucoup se souviendront des récits, donnés dans les précédentes Pirogue, de nos activités de relance agricole, de reconstruction de centaines de maison et de réhabilitation d’infrastructures, ponts, routes, etc. suite au cyclone Chedza de 2015 et à ceux des années précédentes.
  • Secours apportés aux plus pauvres des environs. Ils viennent nombreux se faire soigner au dispensaire. Nous distribuons des vivres aux plus vulnérables (deux cents familles en trois centres de distribution). Nous aidons de nombreux enfants à aller à l’école en leur offrant les droits de scolarité, les cahiers, les stylos et les blouses. Nous construisons des cases en bois pour les plus démunis. Etc.
  • Les jardins potagers de Tanjomoha. Nous mettons en valeur les terres du domaine de Tanjomoha pour y faire des jardins modèles (3 hectares) qui produisent abondamment grâce aux méthodes modernes de culture.
  • La reforestation. Nous avons mis en place depuis la fin 2012 un grand programme de reforestation dans le but de trouver à terme des revenus internes pour le Foyer de Tanjomoha. Cf. l’article ci-dessous.

VI. Animation de la vie spirituelle

Nous avons conscience que toutes nos activités au service des pauvres, accueillis sans discrimination de sexe, d’opinion ou de religion, sont déjà pour nous une manière authentique de vivre l’Evangile et de témoigner de notre foi. Mais nous proposons aussi à tous des activités religieuses de catéchèse, de prière et d’animation spirituelle.

  • La vie spirituelle du Foyer. Il est proposé à nos jeunes une formation humaine et morale qui vise à en faire des hommes et des femmes mûrs et capables de prendre des responsabilités dans la société et dans l’Eglise. Un cours de formation humaine, appelé « morale », est donné chaque samedi. Des formations EVA (Education à la Vie et à l’Amour) sont organisées régulièrement. Des cours de catéchisme préparent ceux qui s’y inscrivent au Baptême, à la Communion et à la Confirmation. Beaucoup de jeunes s’engagent dans les mouvements de jeunes chrétiens (MEJ, Jeunesse Mariale et Scoutisme). La prière commune rythme notre vie.
  • L’église Saint Vincent et Sainte Louise. Lorsque j’ai été nommé responsable de la pastorale de la partie nord de la ville de Vohipeno, en 2008, notre chapelle a dû largement s’ouvrir sur l’extérieur et même agrandir ses murs. Notre église est très vivante avec ses nombreux mouvements de jeunes et d’adultes, ses multiples équipes liturgiques et sa pratique dominicale élevée.

En conclusion : Toutes ces activités se sont développées lentement, progressivement, sans faire de bruit, à partir de ce jeune plant Amour des Pauvres. C’est là que le Foyer, malgré la grande diversité de ses activités, trouve son point d’unité. Telle est, depuis le départ, sa vocation unique : Aimer et servir les pauvres. C’est ce qui l’identifie et l’unifie. C’est la sève qui anime tout le grand arbre Tanjomoha.

Le Foyer de Tanjomoha, c’est encore …

Beaucoup de gens se dévouant au quotidien :

  • 2 Lazaristes (moi-même, directeur du Foyer, et Fr Prosper, mon adjoint)
  • 4 Filles de la Charité qui sont nos collaboratrices et chefs de service
  • 2 coopérants Fidesco, gestionnaires
  • 68 employés réguliers de toutes catégories (enseignants, personnel soignant, cordonniers, cuisinières, personnel d’entretien et de ferme)
  • Et enfin, une centaine d’employés saisonniers sur le reboisement ou des travaux occasionnels

Et beaucoup de nourriture par mois :

  • 11 tonnes de riz
  • 190 litres d’huile
  • 550 kilos de sucre
  • 1,2 tonne de farine de maïs
  • 200 kilos de haricots secs
  • 360 kg de viande
  • 1000 œufs
  • 3 tonnes de légumes produits sur place ou achetés
  • 230 kilos de pâtes alimentaires

VI. Le reboisement, un projet d’autofinancement du Foyer de Tanjomoha

Je ne serai pas éternel à Tanjomoha. J’ai déjà 64 ans ! Je serai peut-être remplacé un jour par un Lazariste malgache qui aura du mal à trouver de l’argent en Europe. Mes supérieurs m’ont demandé de prévoir l’avenir en préparant un projet d’autofinancement sérieux, pouvant assurer des revenus substantiels au Foyer. Je suis moi-même convaincu du bienfondé de cette stratégie. Après avoir pris conseil de personnes avisées, nous nous sommes lancés dans un vaste programme de reboisement en vue de trouver à terme des revenus importants par la vente de planches et autres produits forestiers.

Nous avions commencé timidement il y a 8 ou 10 ans. Puis, Paul Godinot, un ancien coopérant, avait fait, en 2011, un essai de plantation technique, en ligne, sur un hectare qui s’était révélé très concluant. Mais c’est avec l’arrivée, en septembre 2012, du coopérant Fidesco, Théophane de La Charie, que le programme de reboisement a pris de l’ampleur. Nous nous sommes entourés des conseils techniques de spécialistes. Théophane a cherché des financements et, avec l’énergie débordante qui le caractérise, il a lancé des bataillons de 80 à 100 journaliers pour défricher les terrains, creuser les trous en ligne, y jeter un peu de fumier, mettre en terre les jeunes plants, entourer  de haies les terrains, créer des pare-feu, etc.

Nous sommes vite devenus des experts en pépinières, découvrant même des fertilisants très efficaces, puis en plantation d’arbres. Nous plantons entre 20 et 25 hectares par an à raison de 1000 à 1200 arbres par hectares. Nous arrivons maintenant à la fin de la 4ème campagne de de notre programme, si bien que nous serons fin mars 2016 à environ 120 000 Arbres plantés sur une centaine d’hectares. L’objectif étant d’atteindre 150 000 arbres, nous devrions achever notre programme l’année prochaine avec un total de 120 hectares plantés. C’est Jérôme de Saint Chamas, notre coopérant gestionnaire, qui est maintenant responsable de la fin du programme. Ensuite, il ne restera plus qu’à entretenir les parcelles plantées, en attendant d’exploiter nos forêts et de commercialiser nos bois. Nous pensons qu’il y aura des débouchés importants pour nos planches car la forêt malgache disparait vite et qu’il est de plus en plus difficile d’acheter du bois d’œuvre de qualité.

Nous avons sélectionné différentes essences d’arbres qui ont à la fois une croissance rapide et une aptitude à faire du bois de menuiserie ou de charpente : eucalyptus rouge ou blanc, pin, acacia mangium, jamelonier et lilas de Perse. Mais aussi nous avons planté en petites quantités quelques essences originelles de bois précieux comme le palissandre, le bois de rose ou le laluna.

On se souvient de la réplique d’une fable de La Fontaine : « Passe encore de bâtir, mais planter à votre âge ! ». En fait, si je plante, ce n’est pas d’abord pour moi, mais pour mes successeurs, même si j’espère bien commencer à récolter et à commercialiser moi-même des planches d’ici 5 ou 6 ans (l’acacia mangium atteint par exemple sa maturité au bout de 10 ans et le lilas de Perse est adulte au bout de 12 à 15 ans). Ces arbres, encore peu diffusés, permettent de faire de la menuiserie et de la charpente et ont l’avantage de ne pas être attaqués par les vers. Les autres arbres (eucalyptus, pins et jamelonier), poussent en 20 à 25 ans, alors qu’il en faut le double en Europe !

Je tiens à remercier tous nos partenaires qui financent fidèlement ce projet au fil des années, en particulier le TASC, le FSD, le VSO, l’école St Léon de Nancy …et des donateurs particuliers.

Les arbres poussent depuis 3 ans !

Le Foyer de Tanjomoha, toujours en mouvement, toujours innovant, fait de son mieux pour correspondre aux besoins sans cesse mouvants des plus pauvres qui nous entourent afin de les rendre autonomes et capables de prendre leur place à part entière dans la société environnante. C’est pour remplir cette mission audacieuse que nous avons besoin a besoin de vous et de votre soutien généreux. Nous comptons sur vous !

CHANGEZ UNE VIE AUJOURD’HUI

Tant que la pauvreté, l’injustice et l’inégalité persistent, aucun de nous ne peut vraiment se reposer. Il ne faut pas grand-chose pour changer une vie, contactez-nous dès aujourd’hui et commencez à faire la différence.

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